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Nos demandes d'autorisation légale



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1829




Nos demandes d'autorisation légale


[88] En janvier, le pieux Fondateur adressa la circulaire suivante aux Frères: "Nos T.C. Frères, Dieu nous aimés de toute éternité, il nous a choisis et séparés du monde. La Sainte Vierge nous a plantés dans son jardin, elle a soin que rien ne nous manque.
[89] Mgr. l'administrateur part pour Paris et, en s'occupant des affaires de l'Eglise, il prendra nos intérêts auprès du roi. L'attention et le zèle qu'il a pour notre établissement, doivent exciter notre gratitude et notre reconnaissance envers ce bon Père. Nous ferons donc des supplications, des prières, des voeux et des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille dans la piété et dans toute la pureté des moeurs, car cela est agréable à Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés.52
[90] Notre lettre reçue, on récitera pendant 9 jours consécutifs, les litanies de la Sainte Vierge avec les enfants, à la fin de la classe du matin ou à la visite du T.S. Sacrement, pour demander un heureux voyage pour Mgr. et pour ceux qui l'accompagnent. Nous vous remercions de votre bon souvenir et vous souhaitons pareillement une bonne année."
[91] Jusqu'ici le Fondateur avait pu exempter les quelques sujets qui tombaient sous la loi militaire. Les ordonnances de 1828 rendaient cette exemption plus difficile. Le bon Père comprit qu'il fallait songer à demander une autorisation royale pour sa congrégation. Il prépara donc les statuts qu'il voulait donner à ses Frères. Il rédigea sa lettre de demande et porta ces pièces à Mgr. l'archevêque. Ce prélat venait d'être nommé pair de France. Il jouissait d'un grand crédit auprès du roi, il allait donc bien traiter nos affaires.

Affaires financières


[92] On se rappelle que M. de Chaulieu, préfet de la Loire, avait fait une visite à l'Hermitage en 1826 et qu'il y avait autorisé la création du petit cimetière. Peu après cette honorable visite, il avait fait voter 1500 fr. par le conseil général de la Loire, pour aider le pieux Fondateur dans la formation de ses Frères instituteurs. Cette somme avait été votée et payée depuis, chaque année.
[93] Le 5 février, en l'étude de Me Finaz, le Père Champagnat, ayant acquis les droits de M. Courveille par l'acte passé à Chavanay, vendit et céda à M. Couturier une partie de la maison et des dépendances du noviciat de Lavalla, moyennant 1000 fr. payables en 1833, avec intérêts à 4%. Il avait vendu l'autre partie de la maison et des dépendances du noviciat, le 1er mai 1827, à M. le curé Bedoin, pour l'école et le logement des Frères de Lavalla, on ne sait à quel prix. On n'osa pas le lui demander et l'acte a disparu. On peut présumer qu'il s'était montré très accomodant.
[94] Le 24 août 1829, en l'étude de Me Finaz, M. Ginoz et son épouse vendirent au P. Champagnat un bois taillis de 9 ares, au prix de 300 fr. qu'ils reconnurent avoir reçus comptant.

Fondations: Millery, Feurs


[95] On fonda les établissements de Millery et de Feurs. Les Frères furent demandés à Millery par M. le curé Desrosier et par M. le maire Thibaudier. Celui-ci avait acheté une vieille maison et l'avait donnée à la fabrique, à condition que les Frères et leur école y seraient installés. Cette maison avait coûté 2000 fr. L'un des fils de M. Thibaudier fréquenta l'école des Frères, continua ses études, devint évêque auxiliaire de Lyon, puis évêque titulaire de Soisson. Il est aujourd'hui archevêque de Cambrai. En toute occasion, il se plaît à rappeler, même dans ses mandements, qu'il a été élève des Frères Maristes, que leur école était parfaitement dirigée, que l'ordre et la discipline y régnaient, que les prières et le catéchisme y tenaient le premier rang, mais que les autres parties de l'enseignement y étaient aussi en grand honneur et ne le cédaient aux écoles de nos jours sur aucun point. En toute rencontre, Sa Grandeur demande des nouvelles de l'excellent Frère Théodose, encore vivant, et qui était alors son professeur. Le F. Antoine fut le premier directeur de cette maison. Le P. Champagnat acheta un local adjacent, le paya 7000 fr. et l'on y créa un petit pensionnat en 1833.
[96] Les Frères ne prirent pas racine à Feurs et ce poste fut fermé 2 ans après.

Engagement et fidélité


[97] Jusqu'à cette année, aucun registre n'avait été tenu pour constater les vêtures et l'émission des voeux. Pour combler cette lacune, le Père fit commencer trois registres: l'un pour les vêtures, l'autre pour les voeux temporaires et le 3e pour les voeux perpétuels. Chaque Frère était invité, au fur et à mesure qu'on le rencontrait, à écrire lui-même l'acte de sa vêture, de ses voeux temporaires ou de sa profession sur l'un de ces registres. Plusieurs défroqués n'étaient pas là53*** pour le faire. D'autres se contentèrent d'écrire l'acte constatant leur vêture et leurs voeux temporaires sur les registres respectifs54 et leurs noms ne figurent pas sur le registre des vêtures. Lorsque nos successseurs liront ces trois registres ils pourront y voir des brouillards, d'autant plus que nul ordre chronologique n'y fut gardé. Nous avons déjà donné la formule que chaque novice écrivait de lui-même dans le registre des vêtures. Voici celle que chaque Frère profès écrivait sur le registre des professions: "Je, soussigné, F. ... fils de ..., né à ..., âgé de ..., fais foi et déclare que par la grâce de Dieu, j'ai été admis au noviciat de la Société de Marie, le ...; que le..., j'ai été admis à l'honneur d'être revêtu du saint habit religieux, après en avoir fait l'humble demande au R.P. Supérieur et qu'ensuite sous la permission du même supérieur, aussi soussigné pour certifier la permission, j'ai le..., dans la chapelle de la maison de N.D. de l'Hermitage, avant de recevoir la communion à la sainte messe, fait secrètement, mais volontairement et librement, les trois voeux perpétuels de pauvreté, de chasteté et d'obéissance aux supérieurs de la dite Société de Marie selon ses statuts et ses fins. En foi de quoi, j'ai signé cet acte en présence des Frères.... qui ont aussi signé."
[98] Les trois voeux perpétuels avaient été émis et continuèrent de l'être selon cette formule jusqu'en 1836.
[99] Les Frères Jean-Chrysostôme (Doche), Jean (Dumaître), Marcellin (Moreaux), Pothin (Toucheboeuf), Gébuin (Barthélemy), Irénée (Quiblier), Jérôme (Grappeloup), Célestin (Chanavat), Siméon (Defour) et Sylvestre (Vèbres) revêtirent le saint habit cette année.
[100] Malgré les regrettables scènes que nous avons déjà décrites à propos des bas et de la nouvelle méthode de lecture, les deux Frères Mathieu (Dérisson55) et Xavier (Prat) firent profession. Ces scènes malheureuses n'avaient eu, du reste, d'autre résultat que la sortie des deux sujets qui s'étaient obstinés dans leur rébellion.
[101] Cinq Frères et deux postulants entrèrent dans leur éternité savoir: Frère Gébuin (Dervieux), Jean (Cholleton), Sylvestre (Desmond), Gébuin (Barthélemy), Timothée (Bouchet), Thomassot et Bonnevie Pierre. Le F. Gébuin (Barthélemy) remplaça le F. Gébuin (Desvieux) qui, bien que mort très jeune (17 ans), avait rempli une longue carrière. M. Bourdin avait écrit sa vie et celle du F. Jean (Cholleton). Voici en résumé ce qu'il en dit:

M. Bourdin, biographe de Frères


[102] - Jean-Baptiste Dervieux, né à Saint-Clair, près Boulieu, a été envoyé chez son oncle à Ampuis et y a fréquenté l'école des Frères pendant deux ans. Il y a édifié ses condisciples et ses maîtres par sa piété, sa modestie et son obéissance. Il est entré au noviciat gratuitement en mars 1827. Il y a été un sujet d'édification pour tous. Envoyé à Saint-Paul-en-Jarret en octobre 1828, il y tomber malade et revient à l'Hermitage. On le charge des lampes. Tous admirent son humilité, sa piété et son obéissance. Le mal s'aggrave. Il s'alite. Pendant sa maladie il prie pour le F. Stanislas, infirmier, dont la vue est gravement atteinte et lui obtient une parfaite guérison. Il meurt le 6 mai 1829." Quelques jours après, le pieux Fondateur, M. Bourdin et le vicaire de Tarantaise constatèrent séparément qu'une odeur suave s'exhalait de son tombeau. Le F. Paul dont le jeune F. Gébuin avait été l'élève, confirme pleinement ce que M. Bourdin avait dit de ce vertueux jeune Frère.
[103] - Jean Cholleton, F. Jean, était né en Auvergne de parents vagabonds. M. Cholleton, vicaire général de Lyon, son cousin, le plaça à Verrières. Il s'y distingua par sa vaniteuse légèreté et sa paresse. Un an après, son cousin le fit accepter au P. Champagnat. L'aspect sévère de l'Hermitage et le visage triste d'un postulant le découragèrent. Il voulut se retirer. Le bon Père le retint. Jean scandalisait ses compagnons par sa légèreté et ses esclandres. Une sévère réprimande du Père fut pour lui un trait de la grâce. Il attaqua résolument son insouciante légèreté, la ruina et établit à la place la piété, la charité, la modestie et l'amour envers N.S. dont il nourrissait sa vive imagination. On doutait de sa conversion et on l'éprouva. L'épreuve l'affermit. Le Père l'admit à la communion fréquente. Il grandit dans l'humilité, s'efforça d'agir toujours en présence de Dieu et se détacha des objets terrestres. Il écrivit plusieurs de ses méditations. Voici un passage de celle sur les passions: "J'ai des passions puisque l'homme le plus juste en a. Je dois les combattre et les poursuivre sans relâche, car ce sont elles qui donnent entrée au péché dans l'âme. Si je ne leur tiens pas l'épée dans les reins, elles me trahiront et me donneront la mort. Mon coeur est une place forte d'où je dois chasser tous mes ennemis pour y faire régner J.C., mon meilleur ami. Ainsi, ô mon Dieu! je prends devant vous la résolution d'être sur mes gardes vis-à-vis de mes passions et de les attaquer par la vertu contraire, etc."
[104] Après d'assez bonnes études il fut nommé surveillant des pensionnaires puis aide infirmier. Il s'acquitta très bien de ces deux emplois. Le médecin disait de lui: "C'est un trésor pour les malades." Il prit des douleurs aux jambes. On l'envoya à Lavalla pour la petite classe. Il la fit si bien que M. le curé en était émerveillé. Il se montra zélé et très charitable. Ses conversations étaient empreintes de piété. Au F. Hilarion qui lui demandait son pays et son âge il répondit: "J'entre dans mes 17 ans. Si le bon Dieu qui compte le mérite et non les années me faisait la même question, il me trouverait déjà vieux et bien pauvre. Ma mère m'a mis au monde en voyage, le 24 juin, fête de mon saint patron, à l'heure où mon Rédempteur mourait pour moi. Mes parents m'ont abandonné. Dieu pouvait-il me faire sentir davantage que je suis un voyageur en ce monde et que je dois m'y détacher de tout."
[105] Au retour de Lavalla, il fut placé dans l'atelier des rubans. M. le curé de Saint-Chamond le vit, l'admira et lui fit présent d'un crucifix. Ses notes et ses résolutions, pendant la retraite de 1828, furent dignes d'un religieux élevé à une haute perfection. Une longue et douloureuse maladie perfectionna ses nombreuses vertus et le conduisit au tombeau, le 29 juillet 1829. -

M. Bourdin, archives


[106] Le P. Bourdin avait promis à nos supérieurs de leur fournir d'amples renseignements sur les premières annèes de notre Institut. Il avait, en effet, composé un manuscrit assez volumineux sur ce sujet. Soit qu'il se proposa de le retoucher, soit que nos supérieurs craignissent de se montrer trop importuns, ledit manuscrit ne nous est pas parvenu en entier. L'auteur s'était retiré chez son frère à Chasselay. Il y mourut il y a 5 ans, en 188556. Apprenant cette mort, le P. Poupinel se rendit à Chasselay et demanda à compulser les écrits du défunt, alléguant qu'ils contenaient des papiers importants concernant leur Société et que ces papiers étaient sa propriété. M. Bourdin octroya la permission demandée. Le P. Poupinel en usa largement pendant 3 jours durant lesquels il s'enferma dans ladite chambre, ou en garda la clef dans sa poche.
[107] Après son départ, M. Bourdin trouva l'appartement dans un complet désordre. Tout avait été fouillé. De nombreux papiers étaient éparpillés sur le plancher ou sur les meubles. Egalement avertis de cette mort, les supérieurs députèrent le C.F. Eubert à Chasselay. M. Bourdin lui montra les papiers laissés par le P. Poupinel. Le C.F. y collectionna un certain nombre de feuillets épars concernant l'Hermitage. Le manuscrit du R. Père avait été déchiqueté et la plus grande partie avait disparu, probablement tout ce qui concernait les faits et gestes des Pères à l'Hermitage. La plupart des feuillets restant étaient sans suite. Nous y avons pourtant trouvé les 2 biographies ci-dessus, mais nous pouvons croire que le manuscrit en contenait d'autres et qu'il renfermait des détails sur ces premiers temps qui intéresseraient beaucoup tous nos Frères et dont nous regrettons vivement la disparition.
[108] Ce n'est pas le seul mauvais tour que les Pères Maristes nous aient joués. Le 3 octobre 1879, le C.F. Eubert prêta au P. de Lalande 27 lettres adressées par le P. Colin, supérieur général, à notre pieux Fondateur. Le bon P. de Lalande remit ces lettres à l'un des siens à Sainte-Foy. On les a déjà vainement réclamées à diverses reprises. Nous aurions pourtant, croyons-nous, un intérêt considérable à en connaître le contenu.

Lettres du R.P. Colin


[109] Le R.P. Martin, supérieur général, s'étant enfin décidé, en mars 1891, à nous rendre ces lettres, nous analysons ici le sens:

[110] Répondant à notre pieux Fondateur, le 5 décembre 1826, M. Colin, cadet, lui expliquait que la réalisation des projets formés au séminaire ne pouvaient avoir lieu alors à cause de la dispersion de ceux qui les avaient formés, mais que la Providence y pourvoierait plus tard. Il le félicitait des progrès que faisait la congrégation des Frères et de ce qu'il était enfin débarrassé des misères que M. Courveille lui avait causées. Il lui apprenait que les Prêtres Maristes venaient d'être chargés du collège de Belley, que tout y allait bien et que la congrégation des Soeurs Maristes prenait une bonne tournure.

[111] Le 22 mai 1828, M. Colin se réjouissait de ce que le P. Champagnat allait enfin réaliser la promesse plusieurs fois faite, d'aller les voir à Belley. M. Séon devait l'y accompagner. Il se réjouissait avec le Père des épreuves qui venaient se mêler aux progrès de notre Congrégation, ajoutant que c'était un signe certain des bénédictions du ciel. Il se recommandait aux prières des Frères, qu'il n'oubliait pas lui-même. Il engageait le Père à narguer finement M. Terraillon sur sa marche rapide dans les honneurs, ayant été en peu de temps missionnaire, vicaire à Lyon, curé de campagne et venant d'être nommé curé à Saint-Chamond. Dites-lui, ajoutait-il, que nous ne l'oublions pas et qu'il nous reviendra tôt ou tard.

[112] Bien que les Prêtres Maristes ne fussent point encore constitués, M. Colin avait été nommé supérieur. Il en témoignait son étonnement et ses regrets à notre Fondateur dans sa lettre du 22 octobre 1830. Il lui envoyait le projet d'organisation qu'il avait conçu et promettait de lui transmettre sous peu le règlement que ces MM. suivaient déjà à Belley.

[113] Le 7 novembre 1831, M. le supérieur consolait le P. Champagnat en lui écrivant que les contradictions, les calomnies et les épreuves de tout genre, auxquels il était en butte, perfectionneraient sa vertu et affirmiraient l'oeuvre des Frères. Il l'engageait à faire avec eux une neuvaine, afin d'obtenir que l'affaire de Valbenoîte fut traitée avec M. Rouchon dans l'intérêt de la Société des Maristes. Il le priait de présenter ses amitiés à M. Pompallier et aux autres prêtres qui étaient alors à l'Hermitage.

[114] Le 31 décembre [1831] suivant, il lui donnait l'ordre de séparer les missionnaires des Frères, de réunir les premiers à l'Hermitage et, après avoir prié avec eux et les Frères, de procéder à l'élection d'un supérieur pour le diocèse de Lyon et de lui envoyer le nom de l'élu. Il lui disait de considérer M. Terraillon, encore curé à Saint-Chamond, comme faisant partie de la Société. Il remerciait de nouveau des messes qu'il lui envoyait de temps à autre.

[115] Il paraît que les prêtres de l'Hermitage ne furent pas d'accord et réclamèrent auprès de M. Colin, ajoutant que M. Rouchon se montrait exigeant pour la cession de l'ancienne abbaye de Valbenoîte. M. Colin leur répondit, le 3 février 1832, qu'il n'avait pas eu la pensée de les contrarier en rien, que M. Rouchon était trop âgé pour entrer dans la Société, qu'il fallait le ménager et en obtenir un nombre suffisant d'appartements pour les missionnaires, lesquels pourraient lui servir de vicaires, tout en donnant des missions dans le diocèse. En attendant que tout soit réglé, ajouta-t-il, restez à l'Hermitage et exercez-vous aux vertus religieuses sous la direction de M. Champagnat. Quant aux Frères de l'Hermitage, nous sommes ici d'avis qu'ils soient divisés en deux catégories: Maristes et Joséphistes, et que leurs fonctions soient différentes ainsi que leur costume. Les Maristes pourront devenir Joséphistes, mais ceux-ci ne pourront plus être Maristes. Nous préparons ici un établissement pour eux.

[116] Cette idée de M. Colin sur les Frères nous paraît bien singulière. Elle est drôlement exprimée dans sa lettre. Il est clair qu'il s'agissait de glaner à l'Hermitage des Frères uniquement destinés à servir les Prêtres Maristes.

[117] Dans sa lettre du 8 avril [1832], même année, M. Colin conseillait au P. Champagnat de bien s'entendre avec M. Cattet, vicaire général de Lyon, pour l'organisation du corps des missionnaires dans le diocèse. Il ajoutait: puisque vos Frères ne goûtent pas l'idée des catégories que j'ai émise dans ma dernière lettre, je ne veux pas les contrarier, mais j'aimerais que vous pussiez m'envoyer ici un de vos bons sujets pour le mettre à la tête des Frères Joséphistes que nous formerions à Belley.

[118] D'après sa lettre du 7 janvier 1834, M. Colin avait renoncé à l'idée de former des Frères Joséphistes à Belley. Le P. Champagnat lui avait envoyé les Frères Timothée et André. Il était content du premier et désirait que le second fut remplacé par le F. Jérôme ou par le f. Joseph. M. Colin, aîné, était avec les missionnaires à Valbenoîte et son frère applaudissait du bien qu'il y faisait. Il remerciait le P. Champagnat des 700 messes qu'il en avait reçues, dont 400 à un fr. et 300 à 1 fr. 20. Il émettait l'avis que les Frères destinés aux travaux manuels ne portassent pas le rabat et qu'ils eussent un chapelet, au lieu de la croix de profès. Il revenait sur ce sujet quelques jours plus tard, disant que les Prêtres Maristes ne porteraient probablement pas le rabat à l'avenir, et qu'il ne conviendrait pas alors que les Frères, même ceux employés dans l'enseignement, le portassent. Il voulait aussi que ceux destinés aux travaux manuels y fussent beaucoup exercés pendant leur noviciat et peu occupés aux études.

[119] Le 11 avril 1836, M. Colin s'excusa auprès du P. Champagnat de ne lui avoir pas donné plus tôt l'heureuse nouvelle de l'approbation de la Société des Prêtres Maristes par le Saint- Siège, laquelle avait eu lieu le 11 mars précédent. Le Saint Père leur avait confié en même temps les missions de la Polynésie. Il avertissait le Père de choisir de suite les Frères qu'il pourrait donner pour ces missions lointaines, ajoutant que ces Frères devaient avoir une vertu solide, une instruction religieuse assez étendue et beaucoup d'aptitudes pour les travaux manuels.

[120] Il donnait rendez-vous au P. Champagnat à Lyon, pour quelques jours après. Voici le premier alinéa de la lettre que M. Colin adressa au P. Champagnat le 24 juin [1836], même année: "Vous savez sans doute que le bref d'approbation de la Société nous autorise à élire un supérieur général. En attendant je suis bien loin de vouloir me regarder comme tel et en conséquence d'agir en cette qualité. Je consens bien, jusqu'à cette élection, de continuer comme par le passé, à être le point de ralliement, mais je me garderai bien de commander ou de recevoir des voeux. Ce n'est point moins vrai que vos dispositions m'édifient grandement. Je voudrais bien que tous les autres confrères pensassent et agissent comme vous. J'espère que Dieu leur en fera la grâce avec le temps..." La lettre ajoute: "M. Mazelier me consulte sur la réunion de ses Frères avec les vôtres. Il voudrait conserver la faculté de fonder des écoles à un seul Frère, ainsi que quelques autres de ses usages. J'attends votre avis pour lui répondre. Le moment ne me semble pas propice pour votre voyage à Paris. Vous pourriez confier vos papiers à M. Depéry, vicaire général de Belley, qui s'y rend et qui m'a promis de s'occuper de votre affaire. M. Pompallier attend encore son sacre à Rome comme évêque in partibus de l'Océanie. Une maison de noviciat nous est indispensable. Je suis disposé à l'établir le plus tôt possible, même à Lyon, dont les autorités diocésaines me semblent mieux disposées. Si vous en trouvez une, donnez m'en avis.

[121] La maison des francs-maçons, dite de Pilata, fut acquise vers ce temps et le noviciat des Pères y fut établi. Ils s'étaient tous réunis depuis peu à Belley, y avaient fait une retraite, prononcé leurs voeux et élu M. Colin, cadet, comme supérieur général et le P. Champagnat comme assistant. La Société des Pères Maristes était donc enfin constituée.

[122] Les exigences de M. Douillet, à la Côte, excitaient le P. Champagnat à lui retirer les Frères. Le premier mars 1837, le R.P. Colin lui écrivit de ne pas se presser pour ne pas nuire aux Frères et aux Pères dans le diocèse de Grenoble. Il lui donnait le titre de supérieur pour la première fois.

[123] Le 15 [mars 1837] du même mois, le P. Séon, alors à Belley, lui écrivit aussi pour le prier de recevoir son père à l'Hermitage, offrant de lui payer chaque année au moins 155 fr. qu'il payait à Lyon pour la chambre de ce père.

Le R.P. Colin apostilla sa lettre pour annoncer à notre Fondateur que M. Depéry se rendait à Paris, qu'il s'y occuperait de notre autorisation légale, laquelle serait rendue plus facile si le P. Champagnat acceptait les statuts d'une congrégation déjà approuvée. Mgr. l'évêque était de cet avis et se disposait à faire autoriser la maison de Saint-Didier, fondée l'année précédente.

[124] Le 22 juin [1837], même année, le R. Père écrivit au P. Champagnat qu'il était content des Frères qu'il avait à Belley. Il me semble, ajouta-t-il, que vous ne mangez pas assez votre soûl et que vous devriez mieux vous soigner. Présentez mes amitiés à M. Terraillon.

[125] Dans quatre autres lettres de la même année, le R. Père recommandait à notre Fondateur d'examiner sérieusement quelles bases matérielles il convenait de donner aux établissements des Frères. Il lui enjoignait de s'occuper moins de travaux manuels et un peu plus de spiritualité à l'Hermitage, et d'arranger les choses comme s'il devait mourir dans 3 mois. Il ajoutait: "M. Douillet est venu me trouver à Lyon. Je vous prie de lui renvoyer vos Frères et de ne rien brusquer avec lui. Il a ses idées, mais c'est un brave homme. Je lui ai promis d'aller le voir avec vous après la Toussaint, afin de régler toutes choses pour le mieux, sur place.

[126] "Nous n'avons à Lyon que le F. Luc. Vous savez qu'il nous en faut un autre. Envoyez aussi les deux Frères nécessaires à Belley au plus tôt, surtout le F. Marie, si vous pouvez vous en passer. Le recteur de Fourvières me demande deux de vos Frères pour le service de la Chapelle. Ils pourraient garder le costume.

[127] "M. Lagniet se rendra à La Favorite. M. Chaput le remplacera auprès de vous. Je vous prie de me donner des Frères plus capables et plus sûrs à Belley afin que je ne sois pas obligé de m'arranger autrement. Je médite de grands changements dans le gouvernement de vos Frères, mais j'ai besoin de votre entière obéissance. Vos idées me paraissent parfois trop fixes, vos manières trop brusques et vos plaisanteries souvent déplacées. Nous avons tous besoin de prier beaucoup, afin de bien connaître la volonté de Dieu."

[128] Comme on le voit, ces lettres avaient des passages un peu raides. Le R.Père ignorait beaucoup de détails concernant les Frères. Il était parfois mal renseigné sur le compte du P. Champagnat. Ces deux excellents religieux envisageaient souvent les choses à des points de vue différents, mais la suite a prouvé que notre pieux Fondateur comprenait mieux l'œuvre des Frères que le supérieur général. Son coup d'œil sûr, son parfait jugement et la fermeté de son caractère, le faisaient rarement revenir sur les décisions prises après de mûres réflexions. D'après un mot du prudent et judicieux P. Matricon, il n'en était pas ainsi du R.P. Colin. Les Pères ayant tenu un Chapitre général, dont le R.P. Matricon avait fait partie, nous nous permîmes de lui demander si ce Chapitre avait fixé leurs Constitutions. Il nous répondit: "Il s'en faut bien! Notre R.P. Colin a toujours des idées nouvelles que son grand désir de bien faire lui fait adopter successivement et l'empêche de se fixer à quelque chose."

[129] Le 14 juillet 1838, le R. Père écrivait que le F. Régis n'était pas apte aux missions de l'Océanie. Ce Frère y fut pourtant envoyé avec son agrément. Le Frère J.F. Régis l'avait consulté sur son projet d'être prêtre. Le R.P. lui avait répondu qu'on le relèverait de ses voeux, mais qu'il répondrait seul de sa démarche hasardeuse. Un des deux Frères, servant les Pères à Lyon, était malade, et il fallait le remplacer. Il fallait aussi pourvoir au plus tôt, les Frères devant partir pour les missions, de souliers et d'habillement.

[130] 22 février 1839, le supérieur général adressa la sévère et singulière admonition que voici à notre pieux Fondateur: "Voilà quatre ou cinq fois que je vous invite ou que je vous fais solliciter d'envoyer un Frère à M. Chanut dans le diocèse de Bordeaux. Ma demande si souvent réitérée, vous montre l'importance que j'attache à cet acte d'obéissance que j'attends de vous. Souvenez-vous que Marie, notre Mère, que nous devons prendre pour modèle, après l'ascension de son divin Fils, s'employait toute entière aux besoins des apôtres, que c'est là un des premiers buts de la Congrégation des Frères et des Soeurs Maristes, à l'égard des Prêtres de la Société, afin que ceux-ci, entièrement dégagés des soucis temporels, se livrent plus librement au salut des âmes. Un Frère au service des Prêtres de la Société, fait 20 fois plus de bien, à mon avis, que s'il était employé dans une commune où, Dieu merci, les moyens d'instruire la jeunesse ne manquent pas aujourd'hui. Mais vous n'avez jamais pu bien comprendre cet ordre et ce but de la Société. Quoi qu'il en soit, après la réception de ma lettre, vous passerez trois jours dans une espèce de retraite pour vous humilier devant Dieu d'avoir fait jusqu'ici si peu sa divine volonté sous certains rapports..."

[131] Il paraît qu'on avait fortement monté la tête du R.P. Colin. L'idée des Frères servants et des prédicateurs l'obsédait si fort qu'il ne voyait nul autre bien à faire. Il tombait ainsi dans le prétendu défaut qu'il avait reproché au P. Champagnat d'avoir des idées trop fixes. Celui-ci travaillait depuis 20 ans à exécuter l'un des projets formés au séminaire, en élevant de bons instituteurs pour la jeunesse. Il n'y avait pas été question de créer une congrégation des Frères servants, lesquels du reste pouvaient être facilement trouvés et formés par les Frères eux-mêmes. Le P. Champagnat ne méritait donc pas le sanglant reproche dont on l'affligeait. Du reste, comme nous le disons plus loin, le P. Colin présida l'élection du C.F. François et de ses assistants quelques mois plus tard, et il ne contesta point alors la spécialité de l'oeuvre fondée par notre vénéré Père.

[132] Dans sa lettre du 24 avril 1840, il s'appitoyait sur l'état maladif du P. Champagnat et sur le vide que sa mort allait faire parmi les Frères. Il lui conseillait de placer ceux-ci entre les mains de l'archevêque de Lyon, espérant que Sa Grandeur choisirait un Père Mariste pour les diriger. Il l'engageait à examiner cette question avec les chers Frères François et Louis-Marie. Le pieux Fondateur régla la chose peu de jours après dans son testament spirituel.

[133] Bien que les lettres dont nous venons d'analyser le sens aient été écrites à des dates différentes, nous avons cru devoir les réunir et en intercaler l'analyse ici, 1 parce que notre travail était presque fini lorsque le R.P. Martin a consenti à les rendre; 2 parce que le peu que nous avons pris dans la plupart d'entre elles aurait pu paraître isolé à sa date respective; 3 parce que les rapports du R.P. Colin avec notre pieux Fondateur, ses idées variables et son action sur notre Congrégation ressortent mieux de cette manière.




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o'zingizning asarlaringizni
Iltimos faqat
faqat o'zingizning
steierm rkischen
landesregierung fachabteilung
rkischen landesregierung
hamshira loyihasi
loyihasi mavsum
faolyatining oqibatlari
asosiy adabiyotlar
fakulteti ahborot
ahborot havfsizligi
havfsizligi kafedrasi
fanidan bo’yicha
fakulteti iqtisodiyot
boshqaruv fakulteti
chiqarishda boshqaruv
ishlab chiqarishda
iqtisodiyot fakultet
multiservis tarmoqlari
fanidan asosiy
Uzbek fanidan
mavzulari potok
asosidagi multiservis
'aliyyil a'ziym
billahil 'aliyyil
illaa billahil
quvvata illaa
falah' deganida
Kompyuter savodxonligi
bo’yicha mustaqil
'alal falah'
Hayya 'alal
'alas soloh
Hayya 'alas
mavsum boyicha


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