Presentation

1827

[60] M. Bourdin descendant à Lyon, le bon Père le chargea d'acheter divers objets. Deux jours après, le voyageur écrivit que M. Cattet, vicaire général, retardait son voyage à l'Hermitage d'une semaine et que, pour cela, il lui remboursait le prix de la voiture déjà payée pour le retour. "Le bruit court, ajoutait-il, que je ne retournerais pas auprès de vous à cause des austérités dont vous accablez et martyrisez les aumôniers et les Frères de l'Hermitage. Je ne tiens pas compte de ces on dit et je vous rejoindrai au plus tôt." Cette lettre prouve que des envieux dénigraient encore le pieux Fondateur, à Lyon. Le vénéré Père, le F. Pierre et autres firent un bâtiment ayant rez-de-chaussée et premier dans la cour du midi. Il partait de l'angle de la maison, longeait la rivière et, à angle droit faisait retour entre la cour et le jardin jusqu'au chemin du cimetière. Ce bâtiment n'était pas somptueux. On y plaça la boulangerie et l'on y faisait le pain de la communauté. Plusieurs Frères le firent tour à tour. Ils n'avaient pas appris le métier, mais leur pain valait bien celui que l'on mangeait à Lavalla. L'eau du Gier était aussi excellente pour le pain que pour la boisson. Ce bâtiment contenait aussi la vacherie et plusieurs dépôts. Peu après on y plaça la carderie de la laine.

Visite de Mgr. de Pins

[61] Le 13 juin, Mgr. de Pins honora le P. Champagnat et ses Frères d'une visite. Il était accompagné de M. Barou, vicaire général, et de M. Montagny, promoteur. MM. les curés d'Izieux et de Tarentaise vinrent rejoindre Sa Grandeur. La route de Lavalla n'étant pas faite et le chemin qui longeait la rivière étant mauvais, Mgr. vint à pied du Creux à l'Hermitage. Le bon Père et M. Séon avaient fait préparer dans la cour intérieure un pavillon supporté par 4 colonnes ornées de verdure. Sa Grandeur s'y plaça et le jeune F. Jean (Cholleton) lui adressa un compliment. Mgr. y répondit paternellement. On monta à la chapelle et, à la prière du pieux Fondateur, Mgr. bénit toute la maison en commençant par le dortoir Sainte-Marie.
[62] Voici le laconique procès-verbal de cette bénédiction: "L'an mil huit cent vingt-sept et le 13 juin, nous Jean-Paul Gaston de Pins, archevêque d'Amasie, administrateur apostolique du diocèse de Lyon, à trois heures du soir, accompagné de MM. Barou, grand vicaire, Montany, promoteur et de MM. Farge, curé d'Izieux, Préher, curé de Tarantaise, M. Séon et Champagnat avons béni la maison de l'Hermitage."⁵¹

[63] Nous avons dit que le P. Champagnat était allé voir Mgr. et que Sa Grandeur lui avait permis de donner un costume plus religieux à ses Frères. Nous avons lieu de croire que le pieux Fondateur profita de la visite ci-dessus pour donner ce costume aux Frères et qu'il les en revêtit pour aller au devant de l'archevêque. Mais il ne le leur fit prendre qu'en partie. La suite va nous prouver que ce costume ne fut complet qu'en 1829, après les difficultés qu'un certain nombre de Frères avaient suscitées comme nous l'expliquerons plus loin.

[64] En quittant l'Hermitage après la triste histoire de M. Courveille, M. Terraillon fut nommé vicaire à Ainay, puis curé à Fontaine, ensuite à Notre-Dame de Saint-Chamond où il ne céda sa place à M. Vanel qu'en 1839, pour rentrer dans la Société des Pères. Ce fut une conquête du vénéré Père Champagnat, comme nous l'avons constaté déjà.
[65] Les Frères étant pauvres, Sa Grandeur alla dîner chez M. Dervieux, curé de Saint-Chamond.

Progression de l'Institut

[66] Le 16 septembre, le vénéré Père, à ce autorisé, érigea le chemin de la croix dans la chapelle et en écrivit ainsi le procès-verbal: "Nous soussigné Marcellin Champagnat, prêtre, instituteur des Frères de Marie, avons érigé le chemin de la croix, en vertu d'une autorisation accordée par M. Barou, vicaire général, le 24 avril 1825."
[67] Le bon Père apprit qu'il y avait eu des abus dans les établissements. On avait fait des réunions et des voyages sans permission. A la retraite, il admonesta fortement ceux qui se les étaient permis et trois Frères en furent froissés. L'un d'eux prit très mal l'avertissement, se monta la tête et se défroqua. Un confrère essaya vainement de le retenir. L'apostat lui répondit en colère, avec une figure horrible à voir, qu'il se retirait parce que Dieu l'avait abandonné et qu'il était réprouvé.
[68] On fonda les postes de Valbenoîte et de Saint-Symphorien-d'Ozon. M. le Curé Rouchon comprenait qu'il s'était mépris et que son essai de congrégation enseignante n'avait pas eu de bases assez solides. Il demanda 4 Frères au pieux Fondateur et les installa généreusement. L'avenir de cette maison allait être brillant et nous aurons à en parler encore.
[69] M. Dorzat, condisciple du bon Père au séminaire et curé de Saint-Symphorien-d'Ozon, installa de son mieux le F. Paul et un autre, dans sa paroisse. Ces Frères étaient mal logés. Ils avaient à soutenir une lutte violente contre un instituteur laïque, nommé Francon. La municipalité les tracassa souvent. Le successeur de M. Dorzat les vit de mauvais oeil et leur fit parfois des misères bien pénibles à des religieux. L'un des directeurs, F. Aubin, y lutta pendant 33 ans contre le susnommé et, sans aucun encouragement humain, il y usa sa vie.
[70] Les Frères Alexis (Frèron), Anselme (Poujard), Théodoret (Fayasson), Athanase (Billon), André (Aubert), Gébuin (Dervieux), Bernardin (Defour), Maxime (Bonnard), Philippe (Tardy) et Alexandre (Soyères) prirent l'habit religieux.
[71] Le F. Jean-Pierre (Deville) fit les trois voeux en son particulier.
[72] Le F. Bernardin (Perronnet) se noya par accident et alla rejoindre le F. Côme au ciel.
[73] Les trois Frères de Saint-Symphorien-le-Château dépensèrent 389 fr; ceux de Charlieu 350 fr. et ceux de Mornant 400 fr. Ils n'avaient enrichi ni les bouchers, ni les marchands de vin, ni les pâtissiers, ni les liquoristes. Ces bons religieux se seraient crus damnés s'ils avaient goûté les liqueurs et les pâtisseries. Ils avaient mangé du pain bis, des pommes de terre, du fromage et des légumes. Ils avaient bu de l'eau claire et leur santé était excellente.